ANNULÉ « Les femmes dans la Bible » – 2e rencontre

Pour le 2è partage sur les femmes de la Bible, je vous propose de nous retrouver chez Lucette Teissier le lundi 16 avril à 14h.

Vous trouverez ci-après le document avec lequel nous travaillerons. Ce serait bien que chacun lise les textes bibliques avant...

Texte :

GROUPE SAINT JEAN ANNÉE 2019 – 2020

Les femmes de la Bible

Quelques femmes du 1er Testament

SARAH (Gn 12,1 – 23,1)

Abram est fils de Terah, venant d’Ur en Chaldée et installé à Haran, Terah commence par un tav, la dernière lettre l’alphabet, et symbolise donc la fin d’un cycle qui a commencé avec Noé. Quant à Abram, son nom commence par un aleth, la première lettre de l’alphabet et ouvre donc un nouveau cycle qui devra s’achever avec l’arrivée du Messie.La racine du mot ‘hébreu’ = ‘ivri’, vient de ‘avar’ qui signifie ‘passer de l’autre côté, traverser’. Abram serait donc celui que Dieu a pris de l’autre côté du fleuve pour le traverser. Les traducteurs de la Septante avaient tellement bien compris cette signification qu’ils avaient traduits ‘ivri’ par ‘émigrant’ au lieu d’’hébreu’. Abram est donc passé d’une rive à l’autre, d’un monde à l’autre, d’une civilisation à l’autre. C’est par lui que l’humanité est passée du paganisme au monothéisme.

Saraï : dès sa présentation, nous apprenons qu’elle est stérile (Gen 11, 29) et par conséquent, Abram est condamné lui aussi a rester sans héritier. La stérilité était considérée comme une véritable malédiction… pesant sur toute la famille.

Abram et Saraï ont confiance en Dieu et obéissent à ses commandements. Ainsi, guidés par la foi, ils quittent leur pays, fondant leur vie sur la promesse invraisemblable d’un enfant à venir. Car c’est bien à partir de cette « anormalité » de la stérilité que le Seigneur va appuyer sa promesse. D’un « mal », Dieu va tirer un grand « bien ».

Dieu a annoncé que l’héritier serait un fils né d’Abram, mais il n’a pas précisé né de Saraï. Alors, elle échafaude un plan pour que la promesse se réalise ; à l’époque, il n’était pas interdit de faire appel à une mère porteuse en cas de stérilité. On retrouve cette possibilité dans le code d’Hammourabi (roi babylonien), qui daterait du 18ème siècle av JC et qui édicte 282 articles régulant la vie quotidienne. C’est ainsi que Saraï fera appel à Hagar, sa servante. 

Alors Dieu fait un geste particulier : il change les noms des deux protagonistes.

Abram signifiait ‘celui qui traverse’ et ‘père haut’, il devient Abraham, ‘père d’une multitude’.

Saraï signifiait ‘ma princesse’, Sarah signifie ‘princesse’. Elle appartenait à son père et sa mère, puis à son mari… désormais elle n’appartient plus à personne. Etre nommé par Dieu qui est la source de la vie peut ouvrir à l’autonomie, à la liberté responsable.

Abraham s’est installé sous les chênes de Mamré, 3 hommes arrivent. Mais cette fois-ci, le personnage central sera Sarah, elle à laquelle le Seigneur ne s’est jamais adressé. Le texte hébreu cite 10 fois son nom en 10 versets. Et enfin, il est question du fils de Sarah et non plus seulement du fils d’Abraham.

Nous connaissons tous le rire de Sarah qui entend la promesse renouvelée : elle, enceinte à son âge ! Mais nous nous rappelons moins du rire d’Abraham au chapitre précédent (17, 17). C’est d’ailleurs au moment du rire d’Abraham que Dieu donne un nom à ce fils qui va naître : Isaac, qui signifie « il rira » en hébreu.

« Sarah, stérile, en était réduite à proposer sa servante Hagar à Abraham pour donner un enfant à son mari. Nous avions d’ailleurs entendu la promesse de descendance faite à Abraham. Aujourd’hui, c’est Sarah qui va recevoir l’annonce qu’elle aura elle- même un enfant : Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour Dieu ? C’est bien la conviction de toute l’Écriture, que ce soit dans l’Évangile ou dans le Premier Testa – ment. L’ange Gabriel fera d’ailleurs cette même remarque à Marie lors de l’Annon – ciation, en lui annonçant que sa cousine Elisabeth ‒ pourtant stérile ‒ va avoir un fils. » Isabelle Lieutaud « Bibliques »

L’enfant est né ! Quelle joie pour ses parents. Et voilà que Dieu veut déjà le leur retirer ! Bien évidemment ce texte du sacrifice d’Isaac soulève de nombreuses interrogations : comment Dieu peut-il demander ce sacrifice ? Et comment Abraham accepte-t-il de sacrifier son fils ?

Tout comme Abraham pensait disposer de Sarah en la faisant passer pour sa sœur à 2 reprises et en la jetant en quelque sorte dans des bras inconnus et étrangers, Abraham pensait pouvoir disposer de la vie de son fils en le sacrifiant. Mais le texte ne nous dit rien de la réaction de Sarah…

On pourra débattre ici de la gestation pour autrui

REBECCA (Gn 24,1 – 28,3)

À première vue, Rébecca se présente comme un personnage en qui s’incarnent quelques stéréotypes bibliques : épouse, femme stérile, puis mère. Elle est, comme tant d’autres, une femme dont la destinée est programmée d’avance par une société patriarcale. L’intérêt de son histoire résiderait dans sa personnalité et sa capacité d’affirmer sa volonté et de prendre des initiatives, mais pas seulement.

La figure de Rébecca mérite qu’on s’y attarde en tant que se cristallisent dans sa vie d’épouse et de mère les grandes questions qui touchent l’identité du peuple Israël. Elle est la mère de Jacob et d’ Ésaü. Rébecca expérimente dans ses propres entrailles la lutte que se font ses deux fils. Dans sa perplexité, elle consulte le Seigneur qui lui révèle : « Il y a deux nations en ton sein; deux peuples, issus de toi, se sépareront, un peuple dominera un peuple, l’aîné servira le cadet. » (25,22-23). Leur naissance annonce la suite : Jacob, qui tient en naissant le talon de son frère aîné, le supplantera un jour.

Rébecca affiche rapidement une préférence pour son cadet. On dirait qu’elle s’accorde ainsi de quelque secrète manière avec la perspective divine exprimée dans la révélation d’autrefois : « l’aîné dominera le cadet » (25,23).

Plus tard, Rébecca passe à son tour à l’action pour que Jacob l’emporte encore sur son frère. Elle se trouve toujours à la bonne place au bon moment, elle monte tout un stratagème pour que Jacob reçoive la bénédiction paternelle destinée à Ésaü.

Ces deux jumeaux si différents sont comme une seule et même personne qui aurait son côté jour et son côté nuit…

Revenons au mariage de Rebecca avec Isaac : Laban, son frère, prit la parole: Appelons la jeune fille et demandons-lui son avis. Ils appelèrent Rébecca et lui dirent : Veux-tu bien partir avec cet homme ? Elle répondit : Oui, je partirai.

Dire oui, c’est déjà partir.

Une jeune femme répond «oui», pour qu’une promesse faite par Dieu se réalise. Est-ce Marie et son «oui» si simple, si dense et magnifique, par lequel Dieu donnera un Sauveur au monde?

Non, mais le «oui» de Rébecca n’est pas moins chargé de sens : c’est elle qui donnera des fils à Isaac, c’est en elle que se poursuivra la descendance d’Abraham, c’est par elle que Dieu accomplira la promesse qu’Il a faite à ce dernier, en se donnant un peuple auquel se révéler, avec lequel cheminer, un peuple à aimer.

« Le «oui» de Rébecca est mouvement, «Oui, je partirai» avec cet homme que Dieu m’envoie. «Oui, je partirai» : la promesse que Dieu nous fait n’est pas l’aboutisse – ment, mais le commencement de l’aventure. Elle est un appel qui attend une réponse qui se manifeste par un mouvement, un départ, un changement. Marie, dont le oui la pousse à rendre visite à Élisabeth sa cousine, ou le fils prodigue qui, après avoir en – tendu au fond de son cœur l’appel miséricordieux du père, s’exclame  »Oui, je me lè- verai et j’irai vers mon père » .»

Frère Marie-Augustin, Dominicain, Strasbourg

On pourra débattre de la participation de la femme à son propre destin

RACHEL (Gn 29 – 31 ; 35, 16-20)

Nous rencontrons pour la première fois Rachel dans la Genèse, Ch. 29, tandis qu’elle fait paître le troupeau de son père dans les champs. D’ailleurs, en hébreu, son nom signifie « brebis ». Ce qui laisse supposer l’existence d’un certain lien avec cet animal domestique des champs. Dans cette même occurrence, le texte mentionne son apparence physique:

...Et Rachel était belle de taille et belle de visage.

Cette description revêt une signification accrue lorsqu’on la compare à l’impression que nous nous faisons de sa sœur Léa : Et les yeux de Léa étaient faibles.

Le nom  »Léa » signifie  »fatigué » ou  »las » en hébreu. Rachel semble être à l’aise face au monde extérieur, belle aux yeux de ceux qui la voient, réaliste et flexible, s’adaptant facilement au changement, participant aux tâches familiales et à ses moyens de subsistance. Léa, en revanche, semble être dotée d’une personnalité plus sombre, plus complexe..

Jacob aima tout de suite Rachel. On pourrait être tenté de croire qu’il fut immédiatement attiré par sa beauté extérieure mais il est plus probable que Jacob ait vu bien plus que cela lorsqu’il ‘tomba amoureux’ d’elle.

La citation suivante, extraite du Talmud, souligne le trait de caractère le plus marquant de Rachel, celui qui indiqua à Jacob qu’elle lui était destinée.

« Jacob demanda à Rachel : « Veux-tu m’épouser ? » Elle répondit: « Oui, mais tu dois savoir que mon père est un tricheur et qu’il sera plus fort que toi. » « Et en quoi consiste sa ruse? » « J’ai une sœur plus âgée que moi et il tentera de la marier en pre – mier. » Il lui donna alors des signes de reconnaissance [pour permettre de vérifier que la mariée serait bien Rachel]. Vint la nuit du mariage et Rachel vit Léa menée vers le dais nuptial. Elle pensa : Ma sœur ne peut être ainsi humiliée ! Et elle lui fit part des signes. » (Talmud Méguila 13b)

En transmettant ces « signes » à Léa, Rachel s’efface, elle permet ni plus ni moins à sa sœur d’épouser Jacob à sa place. Rachel était consciente à cet instant qu’elle n’allait jamais pouvoir devenir l’épouse de Jacob. Et même si elle parvint par la suite à devenir sa femme, ce partage de Jacob et de son destin avec sa sœur aînée ne fut pas toujours une partie de plaisir ! Qu’est-ce qui poussa donc Rachel à prendre une telle décision, à agir de manière si désintéressée?

Une compassion absolue, envers et contre tout. Rachel était littéralement incapable de tolérer l’idée que sa sœur pût être humiliée, et se sentit obligée de l’empêcher, même si cela signifiait renoncer à son amour et à son destin.

Rachel se révéla être exactement celle qui convint à Jacob.

Le trait principal de Jacob est le ‘Emet’, la vérité, celui de Rachel est la compassion.

Vérité et compassion, voici les deux composants essentiels pour leur vie commune et leur destinée. D’un côté, Rachel semblait facilement s’adapter au monde physique, belle de forme et d’aspect, s’identifiant aisément au monde et se laissant approcher par lui. Plus important encore, Jacob perçut certainement son immense compassion, soit peut-être par la manière dont elle s’occupait du troupeau dont elle avait la charge, soit dans ses relations avec ceux qu’elle côtoyait.

La compassion permet de voir plus loin que soi-même, au-delà de sa propre subjectivité égoïste et de pénétrer dans la réalité d’autrui, l’acceptant, sans jugement ni réticence. Ainsi, Rachel est la femme parfaite avec laquelle Jacob peut bâtir sa vie.

Lorsque Rachel mourut, Jacob l’enterra « sur la route de Beit Lechem. » Rachel est le symbole d’une compassion telle qu’elle permet de développer une perspective sur la vie, objective et sincère en voyant les étincelles de sainteté positives inhérentes à l’humanité et au monde. Une compassion qui ne demande pas si celui qui en bénéficie la mérite, mais qui stimule plutôt la miséricorde infinie de Dieu, et qui permet ainsi à Dieu de faire de même, de nous faire bénéficier sans compter de sa compassion et de l’ultime rédemption.

On pourra discuter de la compassion, de la relation fraternelle

MYRIAM (Ex 2,1-10 ; 15,20-21)

Amer était le pain quotidien des esclaves juifs en leur exil égyptien. Ce qui avait commencé comme des travaux forcés n’en finissaient plus de dégénérer en exactions d’une indicible cruauté. Le summum de l’horreur fut atteint avec le décret de Pharaon d’assassiner tous les nouveau-nés mâles et les bains qu’il prit dans le sang des enfants juifs.

Un groupe d’esclaves, cependant, ne se laissa pas abattre et conserva par devers lui tout une étincelle d’optimisme. Ces esclaves conservèrent leur dignité humaine et continuèrent à croire en une vie meilleure. Ils encourageaient quotidiennement leurs familles avec une énergie surhumaine, et restaient confiants que leurs prières seraient exaucées.

Ces esclaves étaient les femmes juives.

« Par le mérite des femmes vertueuses de cette génération, nos ancêtres furent délivrés d’Égypte. » (Talmud)

Le nom de Myriam porte deux significations qui expriment toutes deux les qualités de son caractère.

La première, qui dérive de la racine hébraïque ‘mar’, est ‘amertume’. (voir les Eaux amères, Mara Ex 15, 22-25). Myriam était née à une époque où l’oppression de l’exil était à son paroxysme (Exode 1, 14). Née dans la pire période d’asservissement, Myriam ressentait l’amertume et la douleur de son peuple.

L’autre signification de son nom est ‘rébellion’ (de la racine meri). Voir l’épisode de Massa et Meriba (Ex 17,1-7). Malgré la noirceur de l’époque de sa naissance, Myriam se révolta depuis son plus jeune âge contre la mentalité d’esclave qui minait son peuple.

Bien qu’elle partageât la douleur de ses frères, elle ne céda jamais à la corruption morale ou à l’abattement. Avec courage et volonté, elle fut la gardienne vigilante de la foi en la rédemption promise.

 

Depuis le fourré où elle s’était cachée, Myriam observait le tournant de la vie pourtant si ténue de son petit frère. Ce fut elle qui vit Batyah, la fille de Pharaon, descendre se baigner dans le Nil. En découvrant le panier sur la rive du fleuve et en entendant les cris déchirants du nourrisson qui s’y trouvait, Batyah décida de le sauver.

Ce fut une Myriam pleine d’assurance qui s’approcha de Batyah pour lui suggérer qu’elle amène le bébé à une nourrice juive. À l’insu de Batyah, Myriam ramena Moïse à sa propre mère.

Myriam était là, à observer sur la rive du Nil, alors que l’avenir de son peuple tout entier était suspendu au sort précaire d’un nourrisson qui dérivait dans un petit panier sur ce fleuve gigantesque. Mais pas un instant sa foi en la libération de son peuple ne faillit. Plus tard, en tant que guide des femmes, Myriam transmettra ces qualités à leurs cœurs meurtris. Ce furent ces qualités qui permirent aux femmes d’amener la délivrance.

 

De nombreuses décennies ont passé, et nous nous trouvons sur les rivages de la Mer Rouge. Après avoir franchi la mer, le peuple juif, sous la direction de son chef, Moïse, entonna un cantique exprimant leur gratitude et la grâce qu’il rendait à Dieu.

Mais, lorsque Moïse et son peuple eurent conclu leur chant, survint quelque chose d’inexplicable.

Et Myriam, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit dans sa main le tambourin, et toutes les femmes la suivirent avec des tambourins et des danses. Et Myriam leur répondit : Chantez l’Éternel car il a fait éclater sa gloire, il a jeté à l’eau cheval et cavalier ! (Exode 15, 20-21).

Après des années d’un exil amer – après avoir été témoin d’actes d’absolue barbarie, après avoir versé des torrents de larmes pour les bébés qui avaient été arrachés de leur bras, – qu’est-ce que ces femmes avaient bien pu préparer alors qu’elles étaient encore esclaves en Égypte ? Des tambourins.

Des instruments avec lesquels elles chanteraient et loueraient leur Dieu pour le miracle qui se produirait assurément un jour.

« Du fond de leur misère, ces femmes ne perdirent pas de vue leur idéal, les femmes trouvèrent la force de ne pas perdre espoir.

Ces femmes éveillèrent en elles-mêmes le ‘meri’, l’esprit rebelle de Myriam. Elles se rebellèrent contre la dépression qui aurait dû découler naturellement d’un tel maheur. Elles se rebellèrent contre l’apathie et contre le découragement.

Dans leur agonie, les femmes préparèrent des tambourins. Elles attisèrent la flamme de l’es poir au fond de leurs âmes jusqu’à ce qu’elle devienne le feu dévorant et inex tinguible de la foi. » Chana Weisberg « Les tambourins de la rébellion »

Ne jamais se résigner. La résilience

LA VEUVE DE SAREPTA . (1R 17)

C’est une étrangère, dans la tourmente d’une famine, qui offrit superbement l’hospitalité à l’un des prophètes de Dieu et lui fournit un abri sûr.

Elle a eu beaucoup de tristesses dans sa vie : le décès de son mari, une vie difficile de veuve avec un enfant en bas âge, la pauvreté. Un temps de sécheresse dans le pays provoquant la famine, elle subit maintenant l’épuisement de ses réserves alimentaires et la douleur de voir son enfant souffrir la faim et peut être la mort.

Chaque nuit, elle espérait la pluie mais au matin sa déception se faisait plus grande lorsqu’elle se réveillait sous un ciel implacable. Bien qu’elle se soit privée de nourriture pour la donner à son enfant, les pleurs de ce garçon affamé la bouleversaient.

Ce jour-là, elle avait gratté les miettes et la poussière de farine du pot, elle avait versé la dernière goutte d’huile de la cruche. Elle était en train de préparer pour eux deux un ultime repas.

C’est alors qu’un étranger l’accosta : Femme, pourrais-tu m’apporter un peu d’eau pour que je boive ?’ Il l’appela de nouveau et dit :’apporte-moi je te prie un morceau de pain dans ta main’ .

Elle pivota sur ses talons et répondit : L’Eternel ton Dieu est vivant ! Je n’ai rien de cuit, je n’ai qu’une poignée de farine dans un pot et un peu d’huile dans une cruche. Me voici en train de ramasser deux morceaux de bois, puis je rentrerai et je préparerai cela pour moi et mon fils ; nous mangerons, après quoi nous mourrons.

Mais l’homme insistait: Sois sans crainte, rentre, fais comme tu l’as dit. Seulement prépare-moi d’abord avec cela un petit gâteau et tu me l’apporteras ; et tu feras ensuite pour toi et ton fils.Car ainsi parle l’ Eternel, le Dieu d’Israël : le pot de farine ne s’épuisera pas, et la cruche d’huile ne se videra pas, jusqu’au jour où l’Eternel enverra la pluie sur la surface de la terre.

Au lieu de maudire l’étranger pour ce qui semblait tellement égoïste, comme on aurait pu le croire, la femme fit exactement ce qu’il avait exigé d’elle, lui servant la nourriture qu’elle avait si soigneusement réservée.

Après chaque repas, elle constatait que, comme l’avait promis l’homme de Dieu, la provision de farine et d’huile ne diminuait pas et ne manqua jamais au cours des jours et semaines suivantes, jusqu’à ce que le temps de la famine cesse.

Voici comment Dieu ouvrit une parenthèse de grâce, au cœur d’un temps de jugement, pour montrer sa compassion et sa puissance au milieu de la faiblesse et du besoin. La foi de la veuve les a sauvés elle et son fils, mais elle a aussi réellement fourni un refuge au prophète qui aurait pu se demander pourquoi Dieu avait choisi cette femme fragile, indigente pour s’occuper de lui. Mais Elie qui venait de passer un temps assez long nourri par des corbeaux et buvant l’eau d’un torrent, ne s’étonnait plus de rien de la part du Dieu qu’il servait !

La foi de la veuve sera de nouveau mise à l’épreuve, plus tard, lorsque son jeune fils allait mourir. Mais ce sera pour elle une nouvelle occasion de connaître la puissance de Dieu pour ressusciter les morts, ce qu’il fit, en réponse aux prières répétées d’Elie en faveur de l’enfant.

Cette femme a enduré des drames épouvantables. Au travers de son histoire, on constate que Dieu est capable de fournir ce dont la plupart d’entre nous ont besoin. C’est un encouragement pour chercher à connaitre ce Dieu dont le regard s’est attardé sur une pauvre et fragile veuve et à lui faire confiance. Cela s’appelle la foi !

La veuve de Sarepta vivait dans une société sans scrupules, qui traitait les veuves comme des citoyennes de seconde classe, les ignorait et ne souciait pas de les laisser affamées.

Quand Elie vint lui réclamer du pain, il était apparemment évident qu’il lui demandait de renoncer au dernier repas qu’elle cuisinait pour elle et son fils. En réalité, il lui fournissait des provisions qui dureraient jusqu’à la fin de la famine. Elie ne demande pas simplement à cette femme de lui donner du pain. Il lui demande de partager son dernier pain.

« Le dernier pain, cela peut représenter le pain du désespoir, car après lui il n’y en a plus d’autre. Après ce dernier pain, c’est la faim, c’est la mort. Elie demande à la femme de partager avec lui son dernier pain, le pain du désespoir. Mais ce qu’il lui dit pour l’aider, c’est que, dans le partage, le pain de désespoir devient pain d’espé rance. Par le partage le pain de la survie devient un pain vivant, c’est-à-dire un pain qui donne à la vie un sens extraordinaire, puisque c’est le sens de l’amour. »

Yvonne Guyot « Vie de femme chrétienne »

Le partage de l’indigence. Ce que l’on partage se multiplie

Conclusion :

Dans ces femmes exceptionnelles du Premier Testament se profile Marie, accomplissement du cheminement de chacune :

Sarah, celle qui a ri annonce Marie exultant de joie au Magnificat : Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. (Lc 1,46-47)

– Rebecca, l’indépendante, celle qui dit oui, préfigure le oui de Marie : Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. (Lc 1,26-38)

– Rachel, belle et gracieuse, toute de compassion, attire sur elle la grâce et l’ac- cueille tout comme Marie : Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. (Lc 1,26-38)

          – Myriam, qui prend des initiatives évoque Marie à Cana : Sa mère dit aux servi teurs : Faites ce qu’il vous dira.(Jn 2,1-11)

          – La veuve de Sarepta, celle qui a tout donné, partagé jusqu’au bout : la croix et la résurrection : Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère … Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : ‘femme, voici ton fils. Puis il dit au disciple ‘Voici ta mère’ (Jn 19,25-26).

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ANNEXE : Approche théologique de la stérilité

« L’approche théologique de la stérilité révèle plusieurs aspects : C’est un mal, une honte, qui entraîne le mépris dont Sarah est la cible. Noublions pas ce cri de Rachel : Donne-moi des enfants ou je meurs(Gn 30, 1). Que lui répond Jacob ? Suis-je à la place de Dieu ?

Contre ce mal il faut lutter, ce que prescrit le code dHammurabi. Sara, Léa et Rachel lont expérimenté puisque Abraham a partagé la couche dAgar, que Jacob a partagé la couche de Zilpa, servante de Léa, dont il eut deux enfants, Gad et Aser, celle de Bilha, servante de Rachel, qui lui donna Dan et Nephtali.

La fécondité répond à l’appel de Dieu, en permettant la postérité d’Abraham. Dit autrement : la stérilité contrarie le dessein de Dieu. Vaincre la stérilité est laffaire de Dieu. Le rédacteur de Gn 11, 16, 25, montre que les trois ancêtres du peuple élu, Sara, Rebecca et Rachel sont stériles, avant que ne leur soit accordée une progéniture. La longue mise en scène de la naissance dIsaac montre l’élection et la grâce accordée. Lhomme doit savouer impuissant.

C’est Dieu qui révèle le sens de la stérilité. Il serait erroné de considérer la stérilité comme un simple châtiment. Pourtant Dieu ordonne à Jérémie de garder le célibat, signifiant la stérilité du peuple en état de péché. Mais l’épouse entrera en grâce : Crie de joie, stérile qui nenfantait pas”. 

Il fallut le désastre de lexil pour faire éclater lestime exclusive de la fécondité. L’homme est appelé à comprendre que la fécondité physique nest pas nécessaire à sa survie. Il découvre lexistence dune fécondité spirituelle (cf. la reconnaissance des eunuques en Is 56, 3ss ; Sg 3, 13 ; 4, 1). Il découvre enfin que la vertu produit des œuvres, comme des fruits, comme le fruit né des entrailles de Marie, vierge féconde. »

Gérard Leroy « Des matriarches »

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Ref : rard LEROY « Des Matriarches. ed. l’Harmattan »

LES FEMMES CÉLÈBRES DE LA BIBLE (Bibliothèque des Arts)

Ce que la Bible dit des femmes. Nicole Fabre (Ed Nouvelle Cité)

Les femmes de l’Évangile. France QUÉRÉ (Seuil)

Dictionnaire du NT. Xavier Léon Dufour (Seuil)