Homélie de Pâques 2020

HOMÉLIE DE PÂQUES 2020

Après trois ans d’enthousiasme, voici les disciples de Jésus confrontés à sa mort. Ce jour du Grand Sabbat, en la fête annuelle de la Pâque, tout était prêt pour le repas. Je ne sais à quoi ce jour a dû ressembler pour les Onze (Judas n’est plus là) et les quelques femmes groupées autour d’eux… Que dire des familles qui se réjouissaient de retrouvailles, parents, enfants, petits-enfants, autour d’une même table ? Plus encore des familles récemment endeuillées ?

Par peur, les disciples s’étaient confinés… Ce sont d’abord des femmes qui se sont rendues les premières au tombeau le premier jour de la semaine. Tous le savent : dans le Livre de la Genèse, c’est ce jour-là, 1er jour, que la Lumière avait jailli du néant. La création est une oeuvre le Lumière ! Mais pour ces femmes, l’inattendu se produit : le tombeau est vide ! Étrange que la première manifestation du Ressuscité soit le ‘vide’ ! Le jour de Pâques, c’est d’abord l’impossibilité de vivre de la présence de Jésus. Il est absent ! Tout est sombre. Quand le corps était là, on pouvait encore le toucher. Et c’est bien ce que les femmes comptaient faire en apportant les aromates.

Nous ne pouvons faire autrement que de croiser les différents évangélistes pour comprendre ce qui s’est passé ce dimanche. Matthieu (28/1-10) parle d’un ange à « l’aspect de l’éclair et au vêtement blanc comme neige ». Mais lorsque Jésus vient à leur rencontre, il ne revêt pas de halo particulier et se laisse toucher les pieds quand elles se prosternent devant Lui. Un message simplement : « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée. C’est là qu’ils me verront ». Autrement dit, qu’ils retrouvent leur terre, leur vie ordinaire… Nous cherchons le Ressuscité ? Nous ne le trouverons pas ailleurs que dans nos vies !… En Saint Jean (20/1-9), c’est Marie-Madeleine qui accourt vers Simon-Pierre et l’autre disciple : « Nous ne savons pas où on l’a mis »… Là encore, c’est l’absence, le vide ! Ce vide que Pierre va constater en entrant dans le tombeau : et on ne sait rien de ce qu’il a pensé ! Par contre, l’autre disciple, probablement Jean lui-même, « vit et crut »… Qu’a-t-il vu ? L’absence ! Mystère de la foi qui conduit ceux qui sont proches de Jésus à croire sans voir ! Jusque là, dit l’évangéliste, « ils n’avaient pas compris »!

Nous allons vivre ce temps pascal. Il durera 7 semaines. 7 semaines au cours desquelles les disciples resteront confinés (quand je dis ‘disciples’, je parle des apôtres comme des femmes qui sont là). Tous dont abasourdis par les multiples expériences qui leur ont été offertes de rencontrer le Ressuscité. Mettons-nous à leur place : il y a de quoi se pincer ! N’ont-ils pas rêvé ? En Matthieu, Jésus avait pourtant dit à Marie-Madeleine et l’autre Marie : « Soyez sans crainte ». Et à chacune de ses apparitions, Jésus leur adressera les mêmes mots : « N’ayez pas peur ! »… Le 50ème jour, ce sera l’explosion, la sortie du confinement ! 50 jours avant que l’Esprit-Saint ne vienne les bousculer et vaincre la peur qui les oppressait… Combien de jours, de semaines encore, avant que la peur nous quitte ? Nous n’en savons rien ! Ce carême que nous venons de vivre gardera un goût particulier, un goût de cendres. Mais le Temps Pascal qui s’ouvre peut avoir, si vous le voulons, un goût de Résurrection…

Je parlais de l’attitude des Onze et des quelques femmes qui étaient là avec eux, le soir et le lendemain de la mise au tombeau de Jésus. Mais n’oublions pas que Marie était là aussi. Unie pleinement à leur peine, portant dans le coeur leur désespoir, mais pleinement confiante dans le Seigneur. Comment aurait-elle pu oublier la promesse qui lui avait été faite ? Nous cherchons un appui pour notre foi bien fragile, trop souvent confinée ? Reposons-nous sur elle comme un petit enfant se repose contre sa mère. Elle nous redira sans cesse : « N’ayez pas peur… Il est Ressuscité… Alléluia ! »

Bruno DEROUX